Polémique: une pilule anti-obésité sans ordonnance bientôt en France
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Polémique: une pilule anti-obésité sans ordonnance bientôt en France
L’automédication est-elle un bon moyen de lutter contre l’obésité, fardeau de santé publique croissant dans les pays développés? C’est la question posée par l’annonce de la mise sur le marché au printemps en France d’un médicament contre l’obésité délivré sans prescription.
Nn anglais, son nom commercial le présente implicitement comme un nouvel allié (ally) dans la lutte contre le surpoids et l’obésité : alli est en vente libre aux Etats-Unis depuis juin 2007. Selon le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK), alli est aujourd’hui le troisième produit d’automédication vendu outre-Atlantique. L’Agence européenne du médicament (Emea) vient d’autoriser sa mise sur le marché sans prescription au sein de l’Union européenne.
Alli n’est pas un médicament nouveau : c’est en quelque sorte un demi-cachet de Xenical (orlistat), un médicament contre l’obésité vendu uniquement sur ordonnance. GSK a passé un accord laboratoire suisse Roche pour en faire une version dosée à 60 mg au lieu de 120 mg pour le Xenical. Il s’agit d’un inhibiteur des lipases gastriques qui réduit l’assimilation des graisses ingérées lors d’un repas. Il est destiné aux personnes obèses (12,4% de la population française) ou en surpoids (29%). Pour alli, GSK retient le seuil d’un indice de masse corporelle (poids/taille en cm au carré) supérieur à 28 (sachant que l’obésité est définie par un IMC égal ou supérieur à 30, et compris entre 25 et 29 pour le surpoids).
Il ne s’agit en aucun cas d’une aide pour affiner sa silhouette avant l’été, encore moins d’une pilule miracle : la prise de l’orlistat doit obligatoirement être accompagnée d’un régime hypocalorique, pauvre en graisses, et d’exercice physique pour aider à la perte de poids. Comment s’assurer qu’un médicament vendu sans prescription soit correctement utilisé?
Du côté de GSK, on compte sur les pharmaciens pour exercer un contrôle, sachant qu'alli ne sera pas en accès libre mais derrière le comptoir. Le pharmacien pourra-t-il vraiment évaluer l'IMC du client et le convaincre de revenir le voir pour effectuer un suivi? Martine Fey, directrice marketing médical chez GSK France, est très confiante sur le rôle des pharmaciens et insiste sur les efforts déployés par la firme auprès des officines et des patients (via un site internet d'accompagnement et une brochure disponible en pharmacie) pour qu'alli soit utilisé à bon escient.
Ennuis gastriques
L'une des limites aux abus de ce produit vient de ses effets secondaires, essentiellement gastriques. L'augmentation des graisses dans les selles peut provoquer des diarrhées graisseuses, voire des incontinences fécales, surtout après un repas riche en lipides. Aux Etats-Unis, ces effets indésirables, devenus tristement célèbres, auraient découragé certains utilisateurs et, après un démarrage faramineux, les ventes d'alli ont très vite ralenti.
Seconde limite à la prise d'alli: son prix. GSK annonce un coût de 2 euros par jour, en recommandant un traitement de six mois. D'après les résultats des études menées avec alli, les personnes perdent environ 5% de leur poids initial après 16 semaines de régime et de traitement (soit environ 240 euros déboursés). La perte de poids est en moyenne 50% plus importante avec la pilule d'orlistat qu'avec un placebo (autrement dit un régime et un faux médicament).
Résultats modestes
Ces performances sont comparables à celles du Xenical. Une étude menée sur quatre ans avec l'orlistat 120 mg montre une perte de poids de 5,8 kg contre 3 kg avec le placebo. Un service médical rendu jugé insuffisant par les autorités sanitaires en France qui ont donc décidé de ne pas le rembourser. Par ailleurs plusieurs études ont montré que les pilules anti-obésité avaient peu d'impact sur les risques liés à l'obésité, comme le diabète et les maladies cardiovasculaires.
Si l'automédication est sans aucun doute un bon moyen pour conquérir des parts de marché dans le domaine très sensible de la lutte contre le surpoids, elle aura probablement peu d'effets sur ''l'épidémie'' d'obésité, maladie multifactorielle qui peut aussi bien inclure des prédispositions génétiques comme des troubles alimentaires.
Cécile Dumas
Sciences et Avenir.com
04/02/09
Nn anglais, son nom commercial le présente implicitement comme un nouvel allié (ally) dans la lutte contre le surpoids et l’obésité : alli est en vente libre aux Etats-Unis depuis juin 2007. Selon le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK), alli est aujourd’hui le troisième produit d’automédication vendu outre-Atlantique. L’Agence européenne du médicament (Emea) vient d’autoriser sa mise sur le marché sans prescription au sein de l’Union européenne.
Alli n’est pas un médicament nouveau : c’est en quelque sorte un demi-cachet de Xenical (orlistat), un médicament contre l’obésité vendu uniquement sur ordonnance. GSK a passé un accord laboratoire suisse Roche pour en faire une version dosée à 60 mg au lieu de 120 mg pour le Xenical. Il s’agit d’un inhibiteur des lipases gastriques qui réduit l’assimilation des graisses ingérées lors d’un repas. Il est destiné aux personnes obèses (12,4% de la population française) ou en surpoids (29%). Pour alli, GSK retient le seuil d’un indice de masse corporelle (poids/taille en cm au carré) supérieur à 28 (sachant que l’obésité est définie par un IMC égal ou supérieur à 30, et compris entre 25 et 29 pour le surpoids).
Il ne s’agit en aucun cas d’une aide pour affiner sa silhouette avant l’été, encore moins d’une pilule miracle : la prise de l’orlistat doit obligatoirement être accompagnée d’un régime hypocalorique, pauvre en graisses, et d’exercice physique pour aider à la perte de poids. Comment s’assurer qu’un médicament vendu sans prescription soit correctement utilisé?
Du côté de GSK, on compte sur les pharmaciens pour exercer un contrôle, sachant qu'alli ne sera pas en accès libre mais derrière le comptoir. Le pharmacien pourra-t-il vraiment évaluer l'IMC du client et le convaincre de revenir le voir pour effectuer un suivi? Martine Fey, directrice marketing médical chez GSK France, est très confiante sur le rôle des pharmaciens et insiste sur les efforts déployés par la firme auprès des officines et des patients (via un site internet d'accompagnement et une brochure disponible en pharmacie) pour qu'alli soit utilisé à bon escient.
Ennuis gastriques
L'une des limites aux abus de ce produit vient de ses effets secondaires, essentiellement gastriques. L'augmentation des graisses dans les selles peut provoquer des diarrhées graisseuses, voire des incontinences fécales, surtout après un repas riche en lipides. Aux Etats-Unis, ces effets indésirables, devenus tristement célèbres, auraient découragé certains utilisateurs et, après un démarrage faramineux, les ventes d'alli ont très vite ralenti.
Seconde limite à la prise d'alli: son prix. GSK annonce un coût de 2 euros par jour, en recommandant un traitement de six mois. D'après les résultats des études menées avec alli, les personnes perdent environ 5% de leur poids initial après 16 semaines de régime et de traitement (soit environ 240 euros déboursés). La perte de poids est en moyenne 50% plus importante avec la pilule d'orlistat qu'avec un placebo (autrement dit un régime et un faux médicament).
Résultats modestes
Ces performances sont comparables à celles du Xenical. Une étude menée sur quatre ans avec l'orlistat 120 mg montre une perte de poids de 5,8 kg contre 3 kg avec le placebo. Un service médical rendu jugé insuffisant par les autorités sanitaires en France qui ont donc décidé de ne pas le rembourser. Par ailleurs plusieurs études ont montré que les pilules anti-obésité avaient peu d'impact sur les risques liés à l'obésité, comme le diabète et les maladies cardiovasculaires.
Si l'automédication est sans aucun doute un bon moyen pour conquérir des parts de marché dans le domaine très sensible de la lutte contre le surpoids, elle aura probablement peu d'effets sur ''l'épidémie'' d'obésité, maladie multifactorielle qui peut aussi bien inclure des prédispositions génétiques comme des troubles alimentaires.
Cécile Dumas
Sciences et Avenir.com
04/02/09
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